mardi 17 janvier 2017

Extrait numéro 7

Bonjour, 

Voici l'autre extrait qui, lui, mérite beaucoup plus d'attention quant aux commentaires.

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Je ne pense pas à me reculer tout de suite. Nicolas ne se rend pas encore compte de ce qu’il fait. Puis ça lui vient comme un déclic, et il se détache de moi.
    - Je ne voulais pas, je… Je suis désolé, c’était pas prévu…
    - Ce n’était pas prévu ? Dis-je pour le taquiner. Et ta crise de folie ? Elle était prévue ?
Je ne lui laisse même pas le temps de s’expliquer.
    - On va mettre cela sur le compte de la boisson. Même si je ne suis pas mécontente de ce baiser, ça ne doit pas se reproduire. On est bien d’accord ?
Il acquiesce, tout penaud et honteux de son geste.
    - Bon, je crois qu’il ne reste plus qu’à signer. Et je vais rentrer chez moi. Je ne vais pas abuser de ton temps plus longtemps.
Ses doigts tremblent quand il prend le stylo, sa signature n’est pas très assurée mais il a signé. Il se dirige ensuite vers la porte de l’appartement. Je le suis et lui ouvre la porte.
    - Voilà, on se voit demain au bureau ?
Nicolas ne fait que grommeler une vague réponse avant de s’engager dans les escaliers. Je referme la porte et me met à ma fenêtre. Sa voiture est garée juste en dessous de ma fenêtre de salon. Je l’épie au travers des rideaux. Il reste quelques minutes adossé à sa voiture, le regard dans le vide. Puis relève les yeux vers mon étage, secoue la tête. Il s’engouffre ensuite dans la voiture et cette dernière disparaître de mon champ de vision.

Je retourne dans mon salon. Il n’est que vingt heure trente mais déjà je suis fatiguée. Je passe une veste et va promener Titan quelques minutes. Puis, en revenant, je m’effondre sur mon lit et passe la nuit la plus dure de ma vie.

En arrivant au travail, le lendemain, j’hésite à prendre une décision : dois-je lui avouer la raison de ma froideur de la veille, où dois-je lui cacher ?
Je revois encore son visage, d’une tristesse immense. Mais son expression gênée me fait sourire en attendant l’ascenseur.
Malheureusement, il se trouve dans l’ascenseur quand celui-ci s’arrête à l’entrée.
    - Bonjour Sophie. Je vois que vous êtes enjouée.
Son ton est plein de reproche. M’en veut-il de sourire ? Je ne me débine pas et le regarde droit dans les yeux.
    - Je ne suis pas enjouée. J’ai passé la nuit la plus dure de ma vie. Je n’ai presque pas dormi, je n’ai rien mangé ni hier soir après votre départ, ni ce matin tellement j’étais nerveuse.
    - Je remarque que vous êtes revenu aux vouvoiements. Il est vrai que nous étions un peu trop familier l’un envers l’autre, c’est un fait. Et ce n’est pas la peine de me mentir : vous n’avez pas du tout l’air nerveuse.
Son ton est très dur. Cela me fait de la peine de le voir ainsi. Il me semble fatigué.
    - Et vous ne prenez pas cet air arrogant et dur avec moi. Je sais qu’il n’en est rien.
L’ascenseur s’arrête à mon étage et je sors sans lui souhaiter une bonne journée. Je ne le regarde même pas mais, en arrivant dans mon bureau, je me sens désemparée.
La matinée se déroule tranquillement, mis à part les intrusions de Nathalie dans mon bureau pour me demander d’aller faire du café ou des photocopies. Aucun appel de Nicolas, aucun agent de sécurité n’est venu pour me dire que j’étais virée, alors que j’aurais dû l’être. À cette pensée, je me sens énervée : je déteste le favoritisme.
À la pause déjeuner, Nicolas descend à notre étage. Il ne s’arrête même pas pour passer à mon bureau, il va directement dans celui de Nathalie. Je sors m’acheter un sandwich et, quand je reviens, je croise Nicolas à l’ascenseur.
Il ne me dit rien mais, une fois dans mon bureau, Nathalie débarque surexcitée.
    - Dis-moi, je vais devoir quitter le travail un peu plus tôt aujourd’hui. Nicolas m’invite à un repas d’affaire. Il faut que je rentre enfiler quelque chose de plus classe et de plus convenable. Est-ce que tu peux te charger du reste du classement sans moi ?
Avais-je le choix ? Sans même attendre ma réponse, Nathalie repartit dans son bureau récupérer ses affaires et partit en trombe. Il n’était que deux heures de l’après-midi, et déjà elle rentrait chez elle pour un repas prévu vers dix-neuf heures...
En plein milieu de l’après-midi, l’une des secrétaires de l’étage vint toquer à mon bureau.
    - Bonjour, nous n’avons pas été présentées. Je m’appelle Annie, je suis la réceptionniste de cet étage. Et vous êtes Sophie c’est ça ? Excusez-moi de vous déranger mais Monsieur Guillot vient d’essayer d’appeler le bureau de Nathalie, pour qu’elle lui monte un papier. Savez-vous où elle peut être ?
    - Oui, elle est rentrée chez elle. Une affaire urgente paraît-il. Si vous voulez je peux lui apporter ? J’avais d’autres documents à lui faire signer.
Quelle aubaine ! Javais enfin la chance d’aller m’expliquer avec ce goujat. Annie me donna le document à monter au dernier étage et pris la direction de l’ascenseur, nerveuse.

Devant son bureau, ma main refusait de m’obéir et de toquer à sa porte. Alors que je prenais mon courage à deux mains, un homme ouvrit la porte et faillit me bousculer.
    - Oh pardonnez moi mademoiselle, je ne vous avez pas vu !
    - Non, laissez c’est moi qui suis désolée. Est-ce que Monsieur Guillot est là ?
    - Bien entendu, je vous le laisse.
Il me laissa entrer et ferma la porte du bureau derrière moi.
    - Je viens vous apporter le compte-rendu de Nathalie, sur son travail concernant certains dossiers.
    - Merci, mais j’avais demandé à Nathalie de me l’apporter.
Je m’approche du bureau et pose les documents sur ce dernier.
    - Veuillez l’excuser, mais elle a dû partir en urgence, un rendez-vous important ce soir qui nécessitait qu’elle rentre chez elle immédiatement.
Nicolas parut troublé. Nathalie ne l’avait pas prévenu ?
    - Si vous voulez bien vous asseoir, Mademoiselle, je pense que nous avons certaines choses à nous dire, n’est-ce pas ?
Je m’avance vers les canapé, situés près de la porte, qu’il me désigne de la main. Nous sommes assis, l’un en face de l’autre, séparés par une table basse en verre.
    - Je voulais avant tout m’excuser pour le comportement et la façon dont je vous ai parlé aujourd’hui, dis-je en prenant les devants. Je comprends aussi que, au vue de la relation un peu particulière de notre premier arrangement, il est difficile de travailler dans de telles conditions. c’est pourquoi, en plus des documents sur les dossiers de votre collaboratrice, je vous ai déposé ma lettre de démission. Et je comprendrais parfaitement que vous ne vouliez pas continuer notre autre arrangement, bien que ce dernier ne devrait en aucun cas souffrir de cette malencontreuse situation.
Nicolas me regarda, peiné et paniqué. Il prit son crâne entre ses mains et commença à se frotter les cheveux. Que pouvait-il bien ressentir ? De la colère , de la tristesse ? Du soulagement ?
Alors qu’il ne manifestait aucune tentative de réponse, je me levais, prenant congés. Arrivée près de la porte, il m’avait déjà rattrapé et me retenait par le bras.
    - Sophie, pardonnez ma rudesse. Je suis vraiment désolé de ce que nous nous sommes dit ce matin et de ce qu’il s’est passé hier. j’espère vraiment que vous arriverez à trouver la force de me pardonnez. Et je vous prie de récupérer votre lettre de démission : j’ai vraiment besoin de vous ici.
    - Je ne peux rester, Monsieur, dis-je en tentant de me libérer. Les relations que j’entretiens avec vous ne sont pas compatibles avec le travail que nous devons accomplir ensemble. De plus, ce n’est vraiment pas la peine d’essayer de me rendre jalouse avec l’une de vos collègues, cela ne fera que lui donner l’impression de valoir à vos yeux alors qu’il n’en est rien. Est-ce que je me trompe ?
Nicolas prit le temps de la réflexion.
    - Je vous propose quelque chose : dînez avec moi ce soir. j’annule mon repas avec Nathalie, et je vous emmène manger dans une restaurant de la capitale. Qu’en dites-vous ? Ce sera là une bonne occasion de se raconter nos vies, et surtout de me faire pardonner.
    - Mais vous oubliez Nathalie ! Je ne crois pas qu’elle sera ravie de savoir que je l’ai dénoncée pour un abandon de poste. Et je ne suis pas sûre que ça lui fasse plaisir de savoir que vous avez renoncé à un dîner avec elle pour sortir avec moi.
    - Ne vous en faites pas pour vos relations de travail, je m’en occupe. Je viens vous chercher à 19h ? je vous en supplie, dites oui.
Je le regarde et ne peux résister à rire devant son air déprimé. j’accepte et il me laisse enfin sortir de son bureau. Alors que je ferme la porte, je remarque que nous portons le même sourire niais et béat sur le visage.


Après qu’elle soit sortie de mon bureau, Jack me rend de nouveau visite.
    - Sympa ta nouvelle collaboratrice, fais moi penser que je dois absolument assister aux prochaines réunions de sélection du personnel.
    - Tu n’y es pas du tout, Jack. Certes, c’est une nouvelle collaboratrice mais c’est aussi la professionnelle vers laquelle tu m’as dirigé. C’est elle qui va m’accompagner à la soirée de signature.
Soudain las, je m’assis à mon bureau.
    - Je sais reconnaître quand quelque chose te tracasse. Dis moi ce qui te dérange, c’est le fait de la payer en plus un salaire dans ton entreprise et dans le privé ?
    - Non, ce n’est pas tellement cela. Disons que je commence vraiment à me sentir bien avec elle, sans pour autant aller plus loin. Mais une petite dispute me fait faire n’importe quoi et j’ai accepté de dîner avec Nathalie ce soir, par jalousie sans doute. Mais je l’ai invité elle. Que dois-je leur dire ?
Jack s’approcha et se cala dans l’une des chaises présentes en face de mon bureau.
    - Le temps que tu as pris pour discuter avec ta nouvelle collaboratrice, je suis descendu voir Nathalie. Elle est en abandon de poste, aussi tu pourrais très bien lui dire que c’est pour cela que tu refuse de dîner avec elle ; après tout, elle a laissé la nouvelle gérer seule l’inventaire des ressources archivées du secteurs Asie, ce qui n’est pas une mince affaire à deux mais avec une nouvelle c’est encore plus compliqué. Ensuite, il prit son air graveleux, en ce qui concerne cette charmante demoiselle, tu n’es lié à elle que par un contrat tacite, et un contrat de travail. Dis lui simplement qu’il n’y aura rien entre vous, et que tu regrette ton comportement si la dispute vient de toi. Mais honnêtement, comme tu n’as pas l’intention d’avoir une relation sérieuse avec elle, tu n’as pas vraiment à t’inquiéter.
Jack prit son air sérieux avant de comprendre que sa dernière phrase ne servait à rien. Il me laissa cependant seule avec mes pensées, pendant que je réfléchissais à ce que j’allais dire à ces deux femmes.

Qu'en pensez-vous ? dites moi ce que vous en pensez, honnêtement.

L'envie d'écrire

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